14 déc. 2009

Un déshydrateur solaire

Dans le petit monde du karité, il y a quelques sujets à polémiques et qui permettent aux initiés de meubler leurs conversations. Par exemple, est-ce que l’avenir du karité est dans l’exportation ou bien dans le marché local et régional ? Un autre sujet est la question de la torréfaction. Selon la méthode traditionnelle le karité, avant d’être baraté, est torréfié afin de réduire le taux d’humidité. L’eau oxyde le produit et augmente le taux d’acidité. Or, la torréfaction a plusieurs inconvénients. D’une part, elle laisse un arrière goût désagréable au beurre. Ensuite, la température atteint lors du processus dépasse souvent le seuil tolérable qui affecte les fragiles combinaisons chimiques.

Pour enlever l’humidité indésirable, l’utilisation du soleil dans des pays où il est omniprésent presque toute l’année a un certain sens. Ceci fait réaliser qu’ici, autant le soleil est présent, autant les capteurs solaires sont rares. Dur rappel du manque de fond chronique qui paralyse tout.

Pour revenir au karité, au Mali certaines expériences de déshydratation solaire ont été tentées avec succès. Quand j’ai fait part de l’idée à Abou, il a d’abord été réticent mais il a rapidement changé d’idée lorsqu’il a constaté que la température de deux torréfactions dépassait nettement les standards. Comme j’avais auparavant trouvé un plan d’un déshydrateur solaire, je me suis retrouvé à l’atelier de Justin Nebie pour construire un prototype.

L’atelier est rudimentaire et le coffre à outils est l’avenant. Les tournevis sont rongés par l’usure, les mesures des mètres (tapes à mesurer) sont effacées par les innombrables va et vient qu’ils ont subis, les têtes des deux marteaux cherchent à s’envoler, mais les scies sont bien affutées et font le travail. Le seul appareil électrique est une scie sauteuse chinoise que l’on doit huiler régulièrement. Justin travaille comme un chirurgien. Il est entouré de quatre apprentis qui sont tout à son service. Comme tout groupe ici, ils sont nettement hiérarchisés du plus vieux au plus jeune et leur rôle et les tâches qu’ils vont assumer sont en conséquences. Ils tiennent outils et pièces de bois qu’ils vont passer au maître lorsqu’il en fait la demande. Aucun des apprentis ne parle français, ce qui en dit long sur leur niveau d’éducation. Mais ils sont attentifs au travail du menuisier qui fait preuve d’une grande maîtrise de son métier.

Heureusement, car le plan s’avère incomplet et très approximatif. Nous devons improviser et nous devons recommencer plusieurs étapes. La légendaire patience africaine ne fait pas défaut. Il n’y a que le québécois qui s’énerve et initie ses collègues aux jurons catholiques. Après les quelques tâtonnements du début, le travail avance rondement et le déshydrateur est livré la veille de mon départ. Au petit matin, nous l’installons et tout est prêt sauf… Le soleil. Il nous a plombé sur la tête et ce sans relâche depuis plus d’un mois et aujourd’hui il est absent. La nature a parfois le don de nous rappeler que c’est elle la grande patronne !

A suivre : les résultats du premier test
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