2 nov. 2009

Le blues de Bamako


Tous les étrangers qui vivent ou travaillent ici ont des moments de découragement. Hier soir par exemple, je dois aller souper chez des amis. Je me rends au stand de taxi à coté de l’hôtel. Les 5 ou 6 chauffeurs présents doivent discuter afin de bien identifier l’endroit précis où je dois aller. Puis, il faut négocier le prix: 1,500 FCFA (4$). Pas de problème jusqu’ici. Mais le chauffeur me demande si j’ai la monnaie car lui n’en a pas. C’est normal ici. Comme je n'en ai pas, il part à la recherche auprès de ses collègues, personne n’en a. Pendant que je me débats avec les moustiques qui ont envahi sa bagnole, il fait 2 ou 3 commerces avant d’en trouver. C’est le moment de partir… Sa Mercédès en ruine ne démarre pas. Ses collègues viennent pousser et après plusieurs toussotements le moteur diésel se décide à collaborer.

Ici, il y a une suite infinie de frustrations. Tout casse. Tout tombe en panne. Que ce soit, l’électricité, l’eau, le téléphone, l’internet, l’ascenseur, la climatisation, la télé, le taxi ou je ne sais quoi encore, tout fini par vous laisser tomber et souvent au moment où vous ne vous attendez pas. Pas surprenant, tout est de mauvaise qualité, utilisé à 200% de sa capacité et dégradé à un point où la mise au rancart serait chose faite depuis longtemps dans un pays normal. Alors, tôt ou tard on finit par soi-même disjoncter. Que ce soit une petite crise verbale ou un moment de découragement où l'on de demande sérieusement ce que l’on est venu faire ici.

La réaction des Maliens est toute autre. Ils demeurent calmes et vous diront qu’ils vont arranger le tout rapidement. Il semble que la théorie de l'évolution trouve ici une belle application: ceux qui sont nés ici sont faits pour affronter ce genre d’obstacle avec le sourire. Par miracle, un sauveur sorti de nulle part va apparaitre. Il transporte une besace aussi usée que la machine qu’il vient réparer. Il en sort quelques outils rudimentaires et il va immanquablement régler le problème. Les sceptiques seront confondus.

Dans le taxi, je rumine en silence mes frustrations. En passant devant un kiosque, je craque et je m’achète un paquet de cigarettes (1,25$!!!). Puis, nous quittons le bitume. La voiture gondole au gré des nids de poule. Montréal vous n’avez rien vu. Je me demande si la ruine dans laquelle nous ondoyons va tenir le coup jusqu’à bon port. Il fait noir et on ne voit rien. Le gondolier arrête devant une porte où somnole un agent de sécurité. C’est là ! Incroyable! je pousse un cri d’émerveillement et remercie le chauffeur manifestement fier de son coup. Il me tend la main et nous échangeons une chaleureuse poignée.

Je suis bon pour me rendre au prochain obstacle…
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1 commentaire:

  1. Une demeurée en brousse3 novembre 2009 à 04:22

    Et le câble d'Internet de se faire manger par une souris,
    Et le chauffe-eau d'exploser en pleine nuit,
    Et la nouvelle route de se dissoudre sous la pluie,
    Et les prises électriques de ne pas fonctionner trois fois sur quatre,
    Et la toilette de ne pas flusher,
    Et le resto de ne pas pouvoir offrir la moitié des plats sur la carte,
    Et la ligne téléphonique d'être "erreur - réseau occupé",
    ...

    On rebaptise le pays "Inch'allah"?

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