14 nov. 2009

Des moutons en ville, des éléphants dans les champs

Bamako est actuellement envahi par les moutons. En temps normal, il est habituel d'y croiser ici et là des ruminants. Par exemple un soir en rentrant d'une sortie, j'aperçois une vache attachée devant mon hôtel situé en plein centre-ville. J’ai dû revenir sur mes pas pour confirmer cette apparition inatendue. Il faut dire que l’éclairage urbain à Bamako est, comment dirait-on, discret évitant ainsi la pollution lumineuse pour les observatoires astronomiques. Bref, je me suis approché et j'ai constaté que la bête en était bel et bien une et bien vivante en plus. Mes consommations de la soirée qui se terminait ne m'avait pas joué de tours.

En ce moment, les moutons sont omniprésents en ville et ce sont des troupeaux entiers qui se déplacent et broutent les quelques rarissimes verdures que l’on peut encore y trouver. La raison : la fête du mouton, appelé aussi l'aid al kabir, s’en vient. À cette occasion, chaque Musulman doit sacrifier un mouton s’il en a les moyens. Comme les Maliens sont fiers et pratiquants, ils économisent pendant toute l’année pour avoir le mouton requis pour la cérémonie. Comme tout le monde veut son mouton en même temps, les prix explosent. Pour une bête bas de gamme, genre "spare-rib" sur 4 pattes, on devra payer plus de 60$. Le prix pourra tripler et même quadrupler pour une bête bien charnue. Une fortune pour les gens d’ici. En ce moment, l'inflation des prix du mouton fait la une des journaux.

Puis, comme c’est une fête, il faut s’habiller. Les innombrables petites échoppes de couturiers fonctionnent à plein régime. En marchant le soir, on peut voir les hommes, oui ici ce sont des hommes, encore penchés sur leur machine à coudre primitive. Les robes et les boubous aux couleurs vives et finement brodés de motifs esthétiques sont accrochés aux murs. Ils donnent de l’opulence à ces boutiques à l'allure plutôt modeste.

Hier, une autre invasion animale a fait la une des journaux. C’est celle d’un troupeau composé d’une vingtaine d’éléphants qui s’est attardé sur les terres de paysans de la région de Sikasso. C'est bien connu qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine va faire du dommage. Eh bien, une vingtaine d’éléphants dans un champ cultivé en font autant. Au Mali, il y a encore des éléphants sauvages qui se déplacent au fil des saisons pour se nourrir et s’abreuver. Charmant pour les étrangers, c’est problématique pour les locaux qui ne bénéficient ni d’assurances, ni d’aide de l’État pour compenser les pertes. Une illustration de la lutte éternelle entre la nature et l’humain !

Pour terminer un petit bijou de l'Islam lu dans un livre du grand écrivain Malien, Amadou Hampâté Bâ, dont je vous parlerai plus tard:

"Aucun croyant ne doit quitter cette terre sans avoir, au moins une fois dans sa vie, violé la loi au nom de la pitié"

À méditer...
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