4 nov. 2009

Le Projet Karité : un projet ambitieux aux bases fragiles

Le Mali est une femme prude qui dévoile ses secrets à doses homéopathiques. L’étranger qui arrive ici en suivant les recettes apprises dans son pays va faire chou blanc. Le plat va immanquablement coller au fond de la casserole. À l’opposé, celui qui veut poser un bon diagnostic avant de prescrire une quelconque potion doit s’armer de patience, de diplomatie, de ruse, de doigté et faire preuve d’une vivacité d’esprit sans faille. La patiente est discrète sur ses maux et sur ses états d’âme.

Je ne vous apprendrai rien en écrivant que la réalité ici est radicalement différente de la nôtre. Elle est également complexe. Tout est imbriqué et on doit composer avec les réalités économiques, culturelles, géographiques, sociales et historiques. De plus lorsque certaines choses nous échappent, les explications ne viennent pas de soi et LE facteur déterminant sur lequel on devra s’attaquer en priorité peut prendre beaucoup de temps à se manifester. S’il le fait.

Le Projet karité pour lequel je travaille est un projet ambitieux. L’UNIDO (organisme des nations unis pour le développement industriel) a financé 8 centres de production de karité sur l’ensemble du pays. Le Projet Karité est géré par le Ministère pour la promotion de la femme de l’enfant et de la famille. Assez rapidement, on parle de 5 ans, ces centres doivent s’autofinancer et s’autogérer sous une forme de coopératives. Trois des ces centres bénéficient d’installations et d’équipements qui on couté plus de 50 millions de FCFA (100,000 $). Les autres plus de 30,000$. Une fortune ici. De plus on y a injecté des bonnes sommes comme fonds de roulement pour financer les premiers achats de karité des productrices.

Le tout a bien démarré. Une marque de commerce et une image ont été établies. De nouveaux produits de qualité sortent des centres grâce à de nombreuses formations et des équipements adaptés. Mais en ce moment, le projet est à un point tournant. Les stocks s’accumulent, les fonds de roulement s’épuisent et les productrices commencent à s’impatienter. Les marchés doivent être développés, un système de gestion des ventes et des achats doit être mis sur pied, la politique de prix doit être réévalué. De plus, les coopératives des centres de production doivent se prendre en main, ce qui est loin d’être évident lorsque la grande majorité de ses dirigeantes sont illettrées.

Cette semaine, nous avons une rencontre de 3 jours avec les dirigeantes des centres de productions, des déléguées du Ministère et des gens du CECI. Des orientations seront proposées afin de franchir cette nouvelle étape.
C’est un défi colossal dans un contexte difficile et complexe. Pour le relever, les compétences en gestion font cruellement défaut. Les Maliens peuvent compter sur la collaboration de coopérants volontaires comme moi pour les assister. Ce n’est pas suffisant, car nous manquons souvent d’expérience ou de temps pour bien faire et les interventions peuvent être contradictoires d’un coopérant à l’autre.

C’est une des multiples raisons qui fait que de nombreux projets ne remplissent pas leurs promesses.

Inch Allah !
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