24 mars 2010

Le retour à Bamako

Je dois l’avouer : j’appréhendais ce retour à Bamako. La ville a acquis une aura mythique grâce à tous ses musiciens et ses chanteurs qui nous remplissent la tête d’images suaves. Mais la réalité de la vie à Bamako est difficile. La chaleur, la pollution, la poussière, la surpopulation de ce qui était au départ une petite ville coloniale charmante fait en sorte que la vie de tous les jours est une épreuve et qui laisse peu de place à l’oisiveté.

L’arrivée à l’aéroport de Bamako donne le ton. Surtout si comme moi vous arrivez par le vol d’Air France, qui est le véritable poumon de cette ville située au bout du monde et à une éternité du premier port. Le vol, toujours complet, éjecte une quantité de passagers que l’aérogare n’est pas en mesure d’absorber. Même la sortie de l’avion est pénible. On arrive après un assez long vol, 5 heures. Les portes prennent une éternité à s'ouvrir, car on est encore à l’époque de l’escalier à roulettes. Lorsqu’elle s'entrouvre, on a l’impression que c’est celle d’une sécheuse et un air torride vient nous caresser le visage. La sortie est pénible, car tous les passagers sont chargés à bloc que ce soit dans la soute ou dans la cabine. Le personnel d’Air France semble avoir renoncé à tout contrôle pour limiter les abus.

Donc, on finit par franchir le seuil de l’avion en espérant pouvoir enfin se délier les jambes. Déception, un autobus nous attend pour faire les 50 mètres qui nous mènent à l’aérogare. Faut bien faire moderne ! Mais, avant qu’il ne démarre, on doit être bien tassés pour faire le saut de puce.

Puis c’est l’entrée dans l’aérogare où règne une cohue indescriptible. Le parcours vers la sotie finale sera ponctué de plusieurs obstacles. Le premier est le contrôle du carnet de vaccination. Cette fois-ci j’échappe à la sélection aléatoire des voyageurs qui devront montrer patte blanche. Ensuite c’est la longue file pour le contrôle du passeport, du visa et de la fiche de contrôle que l’on doit compléter. Comme tout bon fonctionnaire africain, le douanier prend bien son temps et scrute avec attention cette volumineuse documentation. Malgré son air bête, il transpire la joie qu’il a de nous faire sentir qu’il a le bon bout du bâton et que nous devons lui porter un respect total sous peine d’embrouilles infinies.

Puis c’est la récupération des bagages. Ils arrivent au compte-goutte ce qui laisse le temps à tous les passagers de cet immense paquebot des airs de venir s’agglutiner, s’empiler autour de la minuscule courroie. Les ventilateurs nous renvoient la chaleur intense qui monte. Les inévitables porteurs qui monopolisent les quelques chariots disponibles on prit les meilleures places. Nous attendons, attendons. Finalement, une des collègues avec qui je voyage doit se rendre à l’évidence. Elle doit aller au bureau des réclamations.
Même si nous avons attendu jusqu’au dernier bagage, l’épreuve n’est pas terminée pour autant : il reste à passer toutes les valises le seul tunnel disponible. Je vous rappelle que tous les voyageurs sont chargés à bloc et que nous avons été contrôlés au départ. Il semble que cette étape ait pour but de débusquer les gens qui cherchent à introduire des marchandises destinées à la revente, genre six ordinateurs portables. Ce pays, où la majorité des gens vivent dans la pauvreté totale et qui ne paie aucun impôt, est assoiffé de sources de revenus et l’importation est une source intarissable. Finalement, on finit par sortir de l’aérogare où l’on est accueilli par une horde de vendeurs de cartes de téléphone, de chauffeurs de taxi, d’agent de change au noir et d’une cohorte d’handicapés. Bienvenue en Afrique !
Toutefois, c’est avec bonheur que le lendemain je marche dans la ville pour me rendre à la conférence qui a lieu à l’hôtel de l’amitié situé tout près du mien. Il ne fait pas si chaud que çà, l’air, pollué certes, est libéré des fines poussières de l’Harmattan, les salutations chaleureuses du personnel de l’hôtel qui m’a reconnu et de celles de parfaits inconnus croisés sur la rue me procurent un moment de pur plaisir. Bien content d’être de retour dans ce monde si étrange qui nous ouvre ses bras.

2 commentaires:

  1. salut Daniel,
    je te comprends tellement!
    C'est même bon de loin de revivre ces moments, mêm moins drôle de l'aéroport. Quel pays attachant!
    Kimxxx

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  2. Bonjour Daniel, comme ça de retour au Nuima, te souhaite que la clim fonctionne et n'explose pas, d'ailleurs je m'ennui de Bamako qui aura été finalemnt très attachant!
    Bon séjour Jean-Charles Guérin

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