13 oct. 2009

Crise de palu

Pour de nombreuses personnes qui vivent 6 mois par année dans la pluie, la neige et le froid glacial la vie dans un pays chaud semble paradisiaque. Il n’en est rien. La chaleur est une source de vie pour toute une panoplie d’agresseurs contre lesquels il faut lutter continuellement. À commencer par la chaleur elle-même. Ici, elle est tenace et persistante et fait à peine relâche la nuit. Depuis que je suis arrivé, le thermomètre s’obstine et reste coincé entre 30 et 38 degrés le jour. Et on ne parle pas de facteur humidex même avec si le taux d’humidité est appréciable en raison de la saison des pluies qui ne veut pas finir. Le soleil cogne sans pitié, l’Équateur n'est pas loin vers le sud.

Pour se rafraichir, il ne manque pas d’eau. Mais évidemment, on ne peut la boire car vos tripes risquent de se transformer en boyau d’arrosage. Pire, on ne peut même pas se baigner dans les fleuves, lacs et rivières. Pas à cause des grosses bêtes qu’on peut y croiser, genre hippopotames, caïmans ou serpents mortels, mais plutôt à cause de petites bestioles qui viennent s’enfouir dans votre corps et établir domicile sous votre peau. Mais tous ces désagréments ne sont finalement que des inconvénients mineurs comparés au GROS problème du coin: les moustiques. Pas qu’ils soient si nombreux, n’importe quel habitué du nord canadien en serait mort de rire. Non, mais s’il y en a un seul qui vous pique, il peut vous injecter la malaria appelée aussi paludisme.

La malaria tue. Et ce ne sont pas que des cas isolés comme ceux que peuvent causer les ours au Canada. Ici, la malaria tue encore plus que le Sida. Selon l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), en Afrique seulement elle cause environ 2 millions de morts par année. Et la malaria ne fait que tuer, elle rend malade. Au Mali, plus de 25% de toutes les consultations médicales sont liées à des crises de palu. Bien sur, il existe des médicaments qui permettent aux riches voyageurs de se protéger. Le plus récent, la Malarone est efficace et a peu d’effets secondaires, mais c’est cher, très cher : 200$ par mois. Il y a le Lariam, moins cher, mais qui peut causer des effets secondaires importants genre psychiatriques ou neurologiques. D’autres médicaments existent, mais des souches de malaria y sont devenues résistantes.

Vendredi passé, j’ai eu un choc, car je croyais que le fait de prendre un antipaludisme me protégeait à 100%. Or, Julie, une coopérante québécoise que je connais et qui prenait religieusement sa Malarone, a fait une crise de palu. Une bonne : 42 degrés de température. Elle a dû passer plusieurs jours à l’hôpital branchée sur des antibiotiques et des antipaludiques. Elle n'a pas encore réussi à savoir avec certitude quelles seront les conséquences à long terme de cette crise. Il y a quelques années, une coopérante d’Oxfam-Québec au Burkina Faso a eu moins de chance, elle en est morte. Samedi, un agent de bord d’Air France m’a raconté qu’une collègue en est décédée l’an passé. Beaucoup de gens ici en sont affectés et feront des crises de façon régulière. Ils sont alors cloués au lit pendant plusieurs jours.

Pour éviter la propagation, en plus de la médication, il faut utiliser des crèmes insecticides et des filets moustiquaires la nuit. La lutte contre le paludisme progresse et les nouveaux médicaments sont plus efficaces. Mais il reste beaucoup à faire. Il est fort à parier que si les pays occidentaux étaient affectés chez eux par ce fléau, le problème serait déjà réglé.
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