18 oct. 2009

L’Afrique : un gros Gaza ?

On peut assister en ce moment à une triste convergence. D’une part Gaza s’appauvrit suite au blocus imposé par Israël et, ne l’oublions pas, l’Égypte. Le niveau de vie de ses citoyens glisse lentement mais surement vers le niveau de celui des nations les plus pauvres d’Afrique.

D’autre part, les Africains sont de plus en plus confinés sur leur continent. Bien entendu, le nombre de kilomètres carrés sur lesquels ils peuvent circuler n’a rien à voir au minuscule terrain de jeu des Gazaouis. Mais une chose est certaine, il leur est difficile d’en sortir. Je viens d’en être témoin.

Il ya en ce moment en Argentine une conférence de foresterie (XIII World Forestry Congress). Au Mali, la valorisation du Karité permet de donner de la valeur aux arbres dont il est le fruit et faciliter ainsi leur conservation. Ce couvert forestier est un excellent rempart contre la désertification. Une amie, Fatoumata Coulibaly, conseillère en gestion pour la Coop de Siby a été invitée à participer à cette rencontre. Or, elle n’a pu se rendre. Pas parce qu’elle ne pouvait financer le vol et le séjour : tout était payé. Mais bien parce qu’elle n’a pas réussi à obtenir de visa.

Les Africains et autres ressortissants de pays désœuvrés ne peuvent circuler librement sur notre planète. Le mur de fer est tombé, mais il a été remplacé. Ici, en Afrique, les dernières poussières des grands empires coloniaux européens, Ceuta et Melilla deux enclaves espagnoles au Maroc, sont barricadées derrière un mur pour empêcher les hordes d’Africains de mettre le pied sur ce territoire européen. Ailleurs, l’Océan s’en charge et régulièrement, on retrouve des cadavres de pauvres hères ayant tenté leur chance.
Pour entrer par les portes de contrôle officiel, aéroports ou terminaux portuaires, il leur faut un visa. Pour l’obtenir, les Africains doivent montrer patte blanche. Il y a une anecdote assez amusante à cet effet. Un groupe de musiciens Africains devait aller rencontrer Roy Cooder pour une session de jams et d’enregistrement. Le groupe n’a pas obtenu les visas nécessaires et Cooder s’est finalement rabattu sur des musiciens locaux. Ainsi est né l’album Buena Vista Social Club !

Mais cette anecdote ne doit pas nous faire oublier que nous vivons dans un monde à deux vitesses. Pour nous occidentaux, obtenir un visa dans un pays étranger est une procédure souvent emmerdante et qui peut mettre notre patience à bout. Mais à moins d’avoir un mauvais dossier, l’issue est à peu près certaine : on va finir par avoir le tampon officiel sur notre passeport que beaucoup de gens envient. Pour les Africains, c’est une loterie.

Depuis quelques années, j’ai une image qui me poursuit. Je m’imagine être un extra terrestre qui arrive sur terre. Je visite le Canada, la France et d’autres pays occidentaux. J’admire le confort et le bien-être des gens qui y vivent. Les jardins luxurieux, les parcs où les gens pratiquent diverses activités sportives avec des équipements de pointe et les maisons grandes et propres. Puis j’atterris en périphérie d’une ville africaine. J’y vois les routes défoncées en terre, les habitations en tôle, les déchets qui trainent, les égouts à ciel ouvert et les gens qui vivent dans des conditions misérables. Puis je constate que ces gens sont en fait prisonniers de leur espace et ne peuvent avoir accès aux jardins bien verts que j’ai vu précédemment.

Bizarre de planète.
Posted by Picasa

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