14 oct. 2009

Exclusif: Rencontre avec un candidat à la présidence du Mali

J’ai eu le privilège d’avoir une rencontre exclusive avec Lanceni Balla Keïta candidat à l’investiture de son parti pour la prochaine présidentielle du Mali qui aura lieu en 2012. M. Keïta est député de Siby au parlement Malien et membre du Parti Adema, la principale formation du pays.

M. Keïta a été brièvement Ministre dans le gouvernement de mission entre le coup d’état de 1991 et les élections générales qui ont suivi. Il est à souligner ici la similitude de la situation au Mali à cette époque et celle qui prévaut actuellement en Guinée. En 1991, une junte militaire prend le pouvoir et renverse le dictateur Moussa Traoré au pouvoir depuis une éternité, 1968. Le Président nommé, Amadou Toumani Touré, promet d’organiser des élections générales auxquelles il ne se présentera pas. Ce qu’il fit contrairement à ce qui semble vouloir se passer actuellement en Guinée.

Suite à ces élections , le parti Adema prend le pouvoir et Alpha Oumar Konaré est élu président puis réélu en 1997. Il ne peut se représenter en 2002, car la présidence est limitée à 2 mandats. Entre temps, Amadou Toumani Touré démissionne de l’armée et se présente à la présidence. Il est facilement élu puis réélu en 2007 et ce, sans avoir de véritable parti.

M. Keïta se prépare donc pour la prochaine élection où le Président actuel ne pourra se représenter. Avant d’aborder avec lui la question de sa candidature, je lui ai demandé comment il percevait son rôle de député de la circonscription rurale de Siby et qui compte 426,000 électeurs. Selon lui, le député doit « recueillir les aspirations de la population pour les monter aux autorités exécutives ». Il doit également « faire redescendre la portée des Lois adoptés à l’Assemblée Nationale pour informer de la conduite à suivre ». Il doit aussi servir d’intermédiaire entre les autorités et la population. Puis, ce qui est différent de chez nous, il a un rôle social en apportant de l’aide aux gens en besoin. Collaborer par sa présence, mais aussi par sa contribution financière, aux mariages, fêtes du Ramadan, entrée à l’école ou autres. Il juge ce travail très important dans un pays où 80 % de la population est illettrée.

Selon lui, les principaux problèmes auxquels sont confrontés les citoyens de son territoire sont le manque d’enseignants dans les écoles et le manque de matrones (qui ont un statut inférieur aux sages-femmes) dans les maternités. Il faut savoir que les écoles sont publiques dans les villes et les gros villages tels que Siby, mais dans les petits villages de la brousse l’école est communautaire et la communauté doit voir à payer ses enseignants. Ce qui est loin d’être évident.

Son programme comme candidat à la présidence va refléter ces préoccupations. Tout d’abord, sa priorité c’est l’éducation. Selon lui l’école au Mali « a un pied cassé ». Quand ce ne sont pas les enseignants, ce sont les étudiants qui sont en grève. Il faut améliorer le financement du système. Pour y arriver, il faut élargir l’assiette fiscale du Gouvernement en taxant le commerce informel. Il faut noter ici qu’au Mali, comme dans tous les pays africains, l’essentiel du commerce est informel et à la source de la survie précaire d’une part importante de la population. Vraiment pas évident. Ill y a quelques années, le Sénégal s’y est frotté. Des émeutes ont suivi et le Gouvernement a dû faire marche arrière.

Puis, il faut augmenter le revenu de la population rurale en augmentant les surfaces cultivables. En effet, tous reconnaissent que le potentiel agricole du Mali est énorme et sous exploité. Il souligne aussi l’importance des petits projets pour les femmes, comme ceux pour le Karité. Enfin, il veut augmenter l’industrialisation du pays afin de créer de la valeur ajouté aux exportations qui sont pour le moment essentiellement des ressources naturelles (mines) et agricoles non transformées (coton).

Selon lui, la démocratie est en santé au Mali car elle est basée sur le dialogue entre ses forces vives et il a confiance pour l’avenir de son pays. Ses attentes face à l’occident sont de l’aide à la bonne gouvernance, de l’appui pour les infrastructures scolaires et pour le développement économiques et de l’aide pour sécuriser le nord du pays qui comme nous l’avons vu récemment pose problème. Il profite de l’occasion pour remercier les Canadiens pour leur aide et souligne notre particularité qui est de responsabiliser les Maliens en leur confiant une bonne part de la gestion des programmes que nous finançons contrairement à d’autres donateurs.

Cette rencontre sympathique a eu lieu à l’Hôtel Kamadjan de Siby, propriété de M. Keïta, où je résidais pendant mon séjour.

A venir : mes commentaires personnels
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