5 oct. 2009

Fin de semaine à Siby

J’avais un rendez-vous le vendredi à Siby. C’est une petite ville, en fait un village, située à 45 kilomètres de Bamako et qui est une halte touristique reconnue. Tout près, il y a les monts Mandingue et quelques trucs à voir. Il y a une infrastructure touristique minimaliste. C’est aussi l’endroit où est situé la Coop de Karité d’où j’importais les savons. Je vous reviendrai plus tard sur la visite de travail.

Le départ de Bamako est pénible. La route traverse un marché bondé où l’on doit slalomer entre les nids de poule, pour ne pas dire les nids d’autruche. Par contre, à la sortie de la ville une surprise : une route flambant neuve. Elle a été construite par la Tunisie. On se croirait en France : même signalisation, même marquage et il a même les bornes kilométriques. Peu achalandée, c’est la route de la Guinée qui vient de subir un carnage auquel les dirigeants Africains nous ont malheureusement habitués.

Cette route borde la falaise qui délimite le plateau sahélien de la plaine du Niger. À mesure que l’on avance, les falaises sont de plus en plus jolies et sculptées par le temps. Nous arrivons rapidement à Siby. Première surprise, les poteaux électriques sont nus. Le filage n’est pas encore rendu. Il en est encore loin, en banlieue de Bamako. Je vais dormir dans un campement composé de huttes de format traditionnel auquel on a ajouté certaines commodités: la douche, la toilette et deux néons alimentés par batteries. Le toit de chaume s’avèrera bien pratique. Tout à fait imperméable, il agit aussi comme isolant, contrairement à la taule qui recouvre les bâtiments récents et qui sont un véritable four.

Après la visite de la maison du karité, nous profitons du 4 X 4 indispensable pour aller voir les deux principales attractions du coin : une arche naturelle qui s’élève au dessus du village et une chute situé à 17 km de route de brousse. Les deux valent le déplacement. Mes compagnons de voyage ont des discussions biens animées et semblent bien s’amuser… en bambara.Je suis accueilli comme un roi par Fatim, l’animatrice de la Coop, et Lalaissa, l’agente commerciale, que j’ai reçues à Montréal. Ici ça ne s’oublie pas. J’aurai droit à mon premier repas africain. Préparé par elles et dans des conditions minimales, c'est-à-dire que le matériel est au sol, elles étant assises sur de petits bancs très bas, comme ceux que l’on utilisait chez nous pour traire les vaches. Le tout se fait avec un grand souci d’hygiène. Tout est cuit sur deux petits poêles au charbon de bois également posés au sol. Au menu, pintade en sauce, patates et plantains frits dans le beurre de karité. Le tout est servi dans un grand bol que l’on pose sur une table basse et l’on mange avec les mains que l’on aura préalablement lavées bien en vue de tous. On doit se battre avec la pintade qui est coriace mais savoureuse. Tout comme le poulet local que l’on appelle le poulet bicyclette en opposition au poulet de chair, semblable à celui dont on est habitué en occident. Les patates et le plantain frits ont un petit arrière goût de karité, mais ce n’est pas désagréable. Je suis chanceux, il n’y a pas de riz au menu et qui est beaucoup plus compliqué à manger à la main. Le tout est sans boisson, on est en pays musulman. La noirceur raccourci la soirée.

Le lendemain tôt, je vais rouler en vélo sur ce beau bitume. Au départ, une crevaison. Une dizaine de jeunes gamins viennent observer. Bien que plusieurs soient d’âge d’aller à l’école, leur français se limite à peu de chose. De retour sur la route, je croise ceux qui se rendent au marché hebdomadaire de Siby. Des bus et des camions dont le toit est recouvert d’une montagne de poches, de colis et d’autres articles sur lesquels sont agrippés quelques courageux. Assez spectaculaire et imprudent. Quelques motos, des vélos bien chargés et aussi des femmes à pied avec d’énormes charges sur la tête avec souvent un bébé dans le dos et un plus grand à la main. Tous me saluent. Au Mali, les paysages sont parfois monotones mais la route, qu’elle soit de bitume ou de terre, est une source intarissable de vie et de rencontres. Ici, le paysage est spectaculaire. Mais la chaleur devient de plus en plus écrasante et je dois rapidement rebrousser chemin pour aller me réfugier sous la douche.
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