15 oct. 2009

Commentaires sur ma rencontre avec un candidat à la présidence

M. Lanceni Balla Keïta a accepté de me rencontrer afin de faire une longue entrevue avec lui. Il connait bien les problèmes que vivent ses concitoyens et pose un bon diagnostic sur ce qu’il faut faire pour répondre à leurs besoins : mettre plus de ressources en éducation et pour les infrastructures. Par contre, lorsque vient le temps de voir comment on va financer le tout, c’est plus fragile. Je ne suis pas ici depuis assez longtemps pour porter un jugement éclairé sur la pertinence de sa candidature. Par contre, j’ai vu comment son hôtel est géré et il est fort à parier que sa façon de faire devrait ressembler à celle dont il va éventuellement gérer son pays.

Tout d’abord, l’hôtel de M. Keïta est situé juste à coté de la Maison du karité où j’avais rendez vous. Le contraste entre les deux lieux est saisissant et tout à fait révélateur d’une réalité profonde au Mali. La maison du Karité est une fourmilière où des femmes œuvrent obstinément à améliorer leur sort. Elles sont curieuses et avides de suggestions. Le lieu est propre et invitant. L’hôtel est une affaire d’hommes, presque tout le personnel est masculin et on les voit régulièrement assis à discuter. Pourtant, les chambres auraient besoin d’un bon nettoyage. L’accueil est correct, sans plus.

Lors d’une discussion que j’ai eue avec lui, M. Keïta s’est plaint du faible taux d’achalandage de son hôtel. Il a tout a fait raison, c’était presque vide lors de mon passage. Il constate que Siby est à l’écart des circuits touristiques car les étrangers se dirigent plutôt vers l’autre bout du Pays à Djenné et le pays Dogon, deux sites reconnus par l’Unesco. Pourtant Siby ne manque pas de charme. Le coin est joli et entouré de montagnes offrant plusieurs possibilités de randonnées. Il y a même une Coop qui offre des sorties d’escalade. C’est un havre de paix situé à moins d’une heure de Bamako qui nage dans le smog. Il y a plein de gens qui ne demandent pas mieux que d’y échapper pour la fin de semaine.

Il y a 2 hôtels à Siby et un 3ième en construction. Tous sont sur le même modèle plutôt charmant : de petites huttes traditionnelles. Le premier est rustique et il n’y a qu’une douche et une toilette pour tout le complexe. Le prix pour la nuitée est à l’avenant : 3,000 FCFA la hutte (8$). Chez Monsieur Keïta, la peinture est plus fraiche et on peut avoir une chambre de bain privée dans sa hutte. Mais le prix monte de 10,000 à 20,000 FCFA la case (25$ à 50$). Par contre, la propreté laisse à désirer et la literie est incomplète (pas de draps ni de taie d’oreiller). À mon avis, quelqu’un qui est prêt à y dormir va finalement opter pour le compétiteur. L’hôtel en construction sera plus haut de gamme, les huttes plus grandes et mieux aménagées et une piscine est déjà prête. J’ai rencontré le propriétaire et il prévoit louer à partir de 25 000 FCFA (62$). Les soucis de M. Keïta ne sont pas finis.

La situation de son hôtel me semble typique du Mali : beaucoup de potentiel mal exploité. Le contraste avec ses voisines de la Maison du karité est frappant et souligne un autre trait du Mali. Les femmes travaillent sans arrêt pendant que les hommes palabrent. M. Keïta pourrait faire beaucoup avec peu pour son hôtel en commençant par le tenir propre et améliorer la literie et les matelas. Puis faire une campagne de publicité, même modeste, dans les lieux fréquentés par les nombreux coopérants et travailleurs occidentaux de Bamako. Genre une affiche dans les quelques supermarchés que nous fréquentons tous. Éventuellement, offrir un transport par petit autobus climatisé les week-ends. Bref, un peu plus de travail, de rigueur et d’innovation. C’est ce qui lui manque et ce dont son pays a cruellement besoin.
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